Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

COSME Gilles Simard

29 octobre 2012

Pour que Joëlle demeure!

Elles s’appellent Guylaine, Marie-Claude, Isabelle…Telles des chattes de gouttière, elles trottent, grises et menues, dans les recoins et ruelles de la Basse-ville. Personne ne se soucie guère d’elles, si ce n’est, à l’occasion, l’ami-proxénète, le flic de la répression, le pusher, le client lové dans son jeep, et trop souvent hélas, l’employé de la coop funéraire pour la petite note de frais.

S’agissant de ces femmes toxicomanes et prostituées, l’excellente chronique de Mylène Moisan - qui greffait une histoire palpitante de vie sur la mort glauque à souhait de Joëlle Tshernish Brisson - aura eu l’heur de mettre un peu de baume, tout en enclenchant (chose rare dans le milieu) une forte vague de solidarité venant des habitué-es de la rue. Un texte, un mouvement de sympathie mettant en relief, si besoin était, toute l’impérieuse nécessité d’une maison d’hébergement pour les femmes prostituées du milieu. Un havre, une maison de répit, qui, si cet endroit avait existé avant, aurait probablement sauvé des dizaines de femmes décédées des suites d’une overdose, d’un accident, voire d’un meurtre gratuit. Des femmes qui n’auront eu droit pour toute éloge funéraire, qu’à un banal entrefilet dans la section des faits divers et autres bizarreries.

Vivement la création d’un lieu d’hébergement tel que réclamé par les femmes du projet LUNE et aussi, pourquoi pas, l’avènement d’un site d’injection supervisé (SIS).* Pour que, à Québec comme ailleurs, on arrête de considérer certaines vies humaines rien qu’à l’aune des bons sentiments, du productivisme social et de la bigoterie marchande!

* Les deux projets sont respectivement mis de l’avant par le Projet d’intervention sur la prostitution à Québec et l’organisme Point de repères.

 

Par Gilles Simard,

Journaliste et intervenant social

Publicité
Publicité
9 octobre 2012

Briser le cercle vicieux!

Comme ex-psychiatrisé, mais aussi à titre de père et d’intervenant dans une ressource en santé mentale, le drame de St Romain – eh oui, encore! – m’aura profondément interpellé, voire même vivement choqué. Le fait est qu’on ne s’habitue pas à ce genre de tragédie mortelle. Même vue de loin, c’est comme un long cri déchirant qui sourd de l’intérieur, comme un monstrueux chancre qui explose et nous éclabousse en pleine face.

Et le plus navrant, parce qu’on a pas les ressources suffisantes en matière d’urgences et de crises, et parce qu’on n’arrive pas à assurer des suivis adéquats dans la communauté, le pire, c’est que quelqu’un, tantôt, va à nouveau se faufiler au travers des mailles du filet et bang! Ça va recommencer. Ce sera d’abord le choc, puis la stupeur, la consternation et l’indignation collective… Avec encore la même réprobation des uns et le même discours répressif des autres, sans oublier les mêmes images choc et sanglantes des journaux sensationnalistes et les mêmes aboiements outrés des radios poubelle.

Un tsunami médiatique intéressé, s’entend, qui, en plus de contribuer à la stigmatisation des gens souffrant d’une maladie mentale - eh oui, on ne le dira jamais assez! - fera tout, sauf ramener les victimes à la vie et faciliter une possible réhabilitation des gens présumés ou trouvés coupables.

Quoi faire pour briser le cercle vicieux?!  D’abord cesser de penser que des lois plus répressives et un retour-à-l’institution endigueraient le mal tout en assurant plus de protection aux citoyens. Rien n’est plus faux et l’expérience, tant chez le voisin états-unien qu’ailleurs en Europe, l’a amplement démontré. Par ailleurs, quoi qu’en disent les Boisvenu de ce monde, maladie mentale n’équivaut pas automatiquement, loin s’en faut, à dangerosité.

Cela dit, contrairement à son prédécesseur en matière de Santé, il va falloir que le nouveau ministre Hébert fasse preuve d’ouverture et d’audace en faisant siennes les recommandations de beaucoup d’acteurs du milieu, soit de renforcer la première ligne en créant tous les points de services nécessaires en matière d’urgence et de crises. Des centres un peu à l’image de ceux déjà existant, et qui constituent l’un des plus beaux fleurons d’un secteur malheureusement trop peu reconnu, soit le secteur communautaire.

De même, outre d’assurer un meilleur suivi dans la communauté et d’offrir un plus large soutien aux familles, l’on devra ouvrir de nouveaux fronts sur la fameuse question de la co-morbidité. Qu’on se le dise, ils sont des milliers, au Québec, - comme Pascal Morin  de St Romain - à souffrir de cette multi problématique (maladie mentale et toxicomanie) aux effets aussi dévastateurs que déroutants.

Finalement, tant pour bien asseoir le dernier Plan d’action en santé mentale que pour donner un peu de chair à cette nouvelle philosophie du rétablissement dont on aime bien se gargariser, le ministre Hébert devra asseoir tout le monde ensemble. Et les obliger à  se parler. Actuellement le travail se fait en silo et la communication n’existe pas vraiment. Psychiatres, directeurs d’hôpitaux et de CSSS, travailleurs sociaux, infirmières,

intervenants divers, on a l’impression que tout le monde tire chacun de son côté et que l’un détricote ce que l’autre fait. Vivement un grand ménage, et surtout, qu’on accorde les pianos aux violons!  Il en va de notre mieux-être à tous!

* Outre d’être un ex-psychiatrisé et de travailler comme intervenant en santé mentale, Gilles Simard est l’auteur du livre Le Cœur enveloppé, paru en janvier 2012 aux éditions JCL

Publicité
Publicité
COSME Gilles Simard
  • Plate-forme commune de communication afin de rejoindre l’ensemble des organismes et des personnes concernées par le milieu communautaire de la santé mentale afin d’aménager un réseau d’échanges et de partages respectueux, offert à l’ensemble des groupes.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité